Quelles étaient les grandes tendances de cette édition 2024 ?
Il est toujours difficile de parler de tendances dans un salon où il y a tant de thématiques différentes. Il y a bien sûr l’intelligence artificielle et en particulier l’IA générative. Elle était présente à plusieurs niveaux de maturité. Il y avait à la fois des projets de recherches et des solutions relativement matures qui essayent de trouver des grands intégrateurs pour les accompagner dans leur développement commercial. Mais dire que l’IA est partout c’est aussi dire qu’elle est nulle part. Elle est diffuse dans un salon qui ne parle que d’innovation et de transformation. Et quand il y a de l’IA, il y a aussi de la data. Si les entreprises n’ont pas suffisamment de données suffisamment structurées et qualifiées, l’intelligence artificielle n’aura pas la valeur qu’on peut en attendre.
Le Vivant était aussi une grande thématique. Beaucoup de chercheurs reviennent à des solutions bio-inspirées et les entreprises s’inspirent de la nature pour répondre à des besoins. Elles montrent qu’elles répondent aux défis à venir, que ce soit en termes de durabilité mais aussi d’inclusion, avec des projets qui tentent de réparer des handicaps. BiPed AI par exemple propose un harnais doté d’IA à destination des personnes malvoyantes.
Quant à la mobilité, elle était moins marquée que les années précédentes. C’est moins un « car electronic show » qu’auparavant, mais on a vu beaucoup de projets autour de la mobilité douce avec Skwheel et Curvway notamment, des skis et des surfs électriques. Tesla exposait pour la première fois pour présenter son Cybertruck, mais les constructeurs automobile étaient peu présents.
Quelle est la teneur des solutions présentées cette année ? Y a-t-il eu beaucoup de gadgets ?
Je pense qu’il y a eu un retour à des projets très orientés science et ingénierie. C’est un Viva plus deep tech. On ne voit plus autant de gadgets qu’il y a quelque années. Les niveaux de maturité des solutions sont extrêmement variables. Pour la biotech ou la beauty tech par exemple, il y avait autant de choses à voir sur le stand de L’Oréal ou LVMH que chez des petites startups qui traitent de sujets spécifiques. L’une d’entre elle travaille sur l’analyse de peau par exemple, pour identifier des pathologies via les grains de beauté. Sur le stand du Japon, une société travaille autour de la fertilisation des sols. Elle a mis au point un polymère 100% naturel qui va permettre d’augmenter la rétention d’eau de plus de 40%. Il n’y pas un stand qui se contente d’une maquette 3D pour présenter son produit. Chaque produit est le résultat de l’assemblage d’une dizaine de briques technologiques.
Le salon Viva Tech est-il en train de concurrencer le CES ?
Je pense que le salon demande désormais une préparation similaire à celle du CES. Il reste une différence néanmoins : au salon de Las Vegas, ce sont les marques qui déposent leur contenu sur le site internet, on est donc très dépendants de ce qu’on va y trouver. Il est facile de se perdre en moins de trois jours à Viva Tech. Dix startups peuvent traiter du même sujet, mais avec des degrés de maturité et des angles différents. Il faut savoir d’où elles viennent pour comprendre leur valeur ajoutée. Cette trajectoire qu’arrive à pendre la salon, cette densité d’acteurs, cette capacité à inviter de grands speakers, font que Viva Tech s’est trouvé une place dans un écosystème déjà bien saturé. Le fait de proposer des conférences sur chaque stand, d’apporter du contenu menant à des échanges, apporte une vraie valeur ajoutée. Et dans certain aspects, je pense que le CES s’en inspire désormais.